D'Ostie à Rome, les étapes de la "chaîne" du blé

Ostie devait abriter une population fixe de 40.000 habitants[1] mais, à la belle saison, à l'instar des villes balnéaires de la Côte d'Azur, des marins, des commerçants, ou de simples voyageurs[2] affluaient au port, gonflant certainement cette estimation. Les navires, qu'ils viennent d'Egypte ou d'Afrique, entraient au Portus Augusti en doublant le phare, au plus près. Selon J. Carcopino, les bateaux entraient et sortaient en serrant leur droite pour éviter toute collision[3]. Juvénal décrit une entrée de navire :

"Enfin le navire pénètre derrière les môles, jetés à travers les flots prisonniers, et sous le phare tyrrhénien, entre les bras qui s'allongeant puis se repliant vont au devant de la haute mer et laissent loin l'Italie"[4]

Les marins n'aimaient pas dérouler l'ancre dans le port de Claude qui, par sa grandeur, était peu sûr. Alors, dès qu'une place se libérait au Portus Traiani, le bateau gagnait avec soulagement l'embarcadère que la capitainerie lui avait attribué:

"Le patron de l'équipage peut enfin, avec son bateau éprouvé par la houle, gagner le lac intérieur, mouillage de tout repos où les coques de noix comme les périssoires de Baies circuleraient aisément"[5]

Grâce à la bienveillance de la déesse Isis, protectrice des navigateurs, les matelots étaient arrivés sains et saufs à Ostie et pouvaient enfin mettre pied à terre:

"Les matelots, la tête rase, prennent plaisir dans la sécurité à faire le récit de leurs périls"[6]

En touchant Ostie, le blé et l'huile des navires annonaires n'avaient accompli qu'une partie des étapes qui les conduisaient des provinces productrices jusqu'à Rome. Pour gagner la Ville, la "chaîne" du blé faisait encore intervenir un assez grand nombre d'intermédiaires. L'entrée au port des navires, le déchargement et le stockage des denrées annonaires, puis leur expédition sur Rome nécessitaient le concours des travailleurs d'Ostie. Comme le faisait remarquer C. Virlouvet, il semble que le nombre des fonctionnaires de l'annone ait été assez faible dans le complexe des bouches du Tibre en comparaison de l'importance de leur mission[7]. Cela était principalement dû au fait que l'énorme "machinerie" annonaire employait une foule de petits travailleurs libres, professionnels du ravitaillement. Gens de peu rémunérés par la préfecture, ils s'activaient sur les quais d'Ostie et du Portus afin d'assurer le bon fonctionnement de l'approvisionnement romain.

A) L'arrivée au port des navires de l'annone[8]

1) Les "poussières navales"

Lorsqu'un navire entrait au Portus Augusti, il carguait ses voiles et devait être remorqué par de petites embarcations qui le conduisaient à quai. Ces embarcations étaient soit des scaphae[9] soit des lenunculi. La préfecture de l'annone ne possédait pas en propre ces bateaux, elle louait leurs services, comme pour le cas des flottes annonaires. Les scaphae, nous dit Nonius Marcellus[10], sont de toutes petites embarcations, mues à la force des rames et qui suivent les grandes. Elles étaient parfois embarquées à bord des navires de haute mer et servaient lors des manoeuvres. Pour tout équipage, il n'y avait guère qu'un rameur ou deux [11]. Ces frêles embarcations sont figurées sur des bas-reliefs de l'Isola Sacra. Illustrant souvent le métier d'un défunt, nous les voyons dans le vif de l'action remorquant des navires, aidant à la manoeuvre [12]. Les lenunculi étaient en comparaison de grosses barques, solides et stables, parfois utilisées pour la pêche[13]. D'un équipage plus nombreux, on pense que ce sont elles qui, par exemple, allaient en rade décharger les navires bloqués à l'embouchure du Tibre par la barre de sable[14]. Là encore, une tombe de l'Isola Sacra nous offre la représentation d'un lenunculus [15]. L'artisan a su rendre avec réalisme l'effort des rameurs luttant contre les flots, pendant qu'un timonier, debout sur la poupe, dirige l'embarcation de son imposant gouvernail-godille.

Les propriétaires de scaphae et de lenunculi étaient regroupés au sein de corporations. En 135 après Jésus-Christ, Cn. Sentius Felix, haut notable d'Ostie, était patron du corpus scaphariorum[16]. Le fait que les scapharii soient regroupés en un corpus révèle leur importance au sein de la batellerie du port. D'autant que ce corpus avait pris pour patron un personnage uni à la puissante famille ostienne des Lucilii Gamalae[17]. Les scaphae n'étaient donc pas de simples barques que les navires hauturiers jetaient à la mer lors des manoeuvres délicates ou par calme plat.

Le cas des lenunculi est plus délicat, car les propriétaires de ces embarcations (les lenuncularii) étaient répartis au sein de cinq corpora qui parfois se regroupaient en universi navigarii corporum quinque lenunculariorum[18] ou simplement en quinque corporum navigantes[19]. La fonction de chaque corpus soulève encore aujourd'hui de vifs débats. En nombre, les lenuncularii tabularii auxiliarii formaient le corpus le plus important. Nous possédons deux alba de leur ordo, celui de 152[20] et 192[21] après Jésus-Christ. L'ordo[22] désignait l'ensemble des membres d'une corporation. Chaque album dressait, pour une date précise, la liste de l'ordo. Il énumérait les patrons, les magistrats ainsi que tous les membres ordinaires (plebs) du corpus. En 152, le corpus était composé de 125 membres ordinaires, de 3 magistrats et de 9 patrons ; dont l'un L. Volusius Maecianus fut praefectus annonae jusqu'en 159 après Jésus-Christ[23]. En 192, son effectif augmenta. nous trouvions 258 membres ordinaires, 8 magistrats, et 9 patrons. Le corpus des lenuncularii tabularii auxiliarii était puissant à Ostie, non seulement par sa taille, mais aussi parce qu'en 152 il bénéficiait de la protection de 5 patrons sénateurs et de 3 en 192 après Jésus-Christ[24].

Un autre album gravé sur du marbre mentionne l'existence de l'ordo corporatorum lenunculariorum pleromariorum auxiliariorum Ostiensium[25]. Les dates consulaires figurant sur l'inscription indiquent que l'album date de 200 après Jésus-Christ. A l'opposé du corpus précédant, celui-ci n'est composé que de 16 membres ordinaires, 6 magistrats et seulement 2 patrons, dont aucun ne semble important.

Cn. Sentius Felix fut également patron du corpus lenunculariorum traiectus Luculli[26]. Traiectus signifie "passage", "trajet", mais aussi lieu d'où part une traversée. Pour J. Le Gall le mot traiectus désignerait un quai, un embarcadère. Par conséquent, ce corpus regrouperait tous les propriétaires de lenunculi attachés au quai qui porte le nom de Lucullius, certainement son ancien propriétaire[27]. De même pour le traiectus Rusticeli que mentionnent de nombreuses inscriptions[28]. Le traiectus marmorariorum serait, selon la même hypothèse, le quai où étaient déchargés les marbres[29]. En revanche, il faut reconnaître notre ignorance pour le cas du traiectus togatensium. L'avis de R. Meiggs est différent[30]. Pour lui le terme de traiectus doit être entendu comme le passage d'une rivière. Le corpus lenunculariorum traiectus Luculli, ainsi que les autres lenuncularii traiectus, serait une corporation de passeurs. Vu qu'il n'existait pas de pont à l'embouchure du Tibre, les Romains utilisaient des bacs (lenunculi) pour traverser le Tibre, notamment entre Ostie et l'Isola Sacra. J. Le Gall réfute cette hypothèse car pour lui, un seul service de bac aurait suffi à l'ensemble du trafic[31]. Or, il ne faut pas oublier qu'avec la construction du Portus Uterque, les voyages entre l'Isola Sacra et Ostie ont dû sensiblement augmenter, nécessitant peut-être plusieurs corporations de passeurs. Récemment, R. Valjus a d'ailleurs établi que le corpus traiectus marmorariorum était constitué de passeurs qui faisaient traverser le Tibre à des marbriers[32].

D'autre part, R. Meiggs signale que les membres du corpus traiectus Rusticelii utilisaient des scaphae et non des lenunculi comme embarcation[33]. Peut-être s'occupaient-ils simplement du passage de personnes alors que les autres corpora assuraient également la traversée des marchandises. Si l'on met de côté le corpus traiectus Rusticelii, nous remarquons que les cinq corpora restant[34] utilisaient tous des lenunculi. Peut-être s'agit-il là les quinque corpora navigantes ?

Trois corpora ( traiectus Luculli, marmorariorum, togatensium) semblent avoir regroupé les passeurs du Tibre. Le qualificatif d'auxiliarii qualifiant les tabularii et les pleromarii pourrait indiquer que la tâche de ces propriétaires de navire était d'aider les autres bateaux. Les lenunculi tabularii auxiliarii peuvent ainsi avoir joué le rôle de remorqueur[35], tant des navires hauturiers que des embarcations fluviales (naves codicarii). Avec l'accroissement d'activité que connut le Portus Uterque tout au long du IIe siècle, nous comprenons mieux pourquoi son ordo a augmenté de 49% entre 152 et 192 après Jésus-Christ. Quant aux lenunculi pleromarii auxiliarii, moins nombreux, leur rôle était certainement, comme l'a présenté Strabon[36], d'aller décharger les navires de haute mer à l'embouchure du Tibre[37]. Est-ce un signe ? La table de marbre sur laquelle figure leur album fut trouvée près de la Torre di Bovacciano. Celle-ci correspondait vers 200 après Jésus-Christ à la limite antique des bouches du Tibre[38]. La faiblesse numérique de l'ordo peut être imputable à ce que la majorité des bateaux hauturiers allait désormais accoster au Portus. Toutefois, selon nous, même s'il diminua indéniablement, il dut encore exister au port fluvial d'Ostie un trafic maritime durant tout le Haut-Empire. La pérennité du corpus lenunculariorum pleromariorum auxiliariorum en est une première preuve. Ensuite, le fait que des empereurs comme Commode ou bien les Sévères aient continué de restaurer les horrea d'Ostie[39] indique que ces entrepôts devaient être d'accès facile depuis l'embouchure du Tibre. Certes, nous pouvons imaginer que des cargaisons de blé débarquées au Portus étaient transportées par des naves amnales jusqu'aux horrea d'Ostie[40]. Mais nous pensons que ce stockage devait être évité le plus souvent possible, compte tenu des multiples manutentions et des distances à parcourir. Ainsi, il n'est pas impossible que des navires commerciaux et annonaires jaugeant autour de 10.000 modii aient fréquenté le port fluvial d'Ostie[41] tout au long du Haut-Empire.

Ces "poussières marines"[42] étaient de près ou de loin liées à la préfecture de l'annone, car elles permettaient aux navires frumentaires de gagner leurs embarcadères. A partir de 202 après Jésus-Christ[43], elles furent placées sous l'autorité d'un procurator Portus utriusque de rang équestre qui avait la charge de gérer le trafic portuaire. Il est donc normal que des relations se soient établies entre ce procurator et les quinque corpora navigantes. En 247 après Jésus-Christ, le procurateur Portus utriusque, L. Mussius Aemilianus Aegippius fut ainsi honoré d'une dédicace par les codicarii navicularii et quinque corpora navigantes. Antérieurement à 202, il est possible que les quinque corpora navigantes aient été sous l'autorité administrative d'un procurateur affranchi qui lui-même dépendait du procurateur de l'annone d'Ostie[44] .

2) La division des cargaisons

Lorsque les navires annonaires arrivaient au Portus, deux possibilités se présentaient à eux. Si les besoins de Rome se faisaient pressants, leurs cargaisons de blé et d'huile étaient directement transbordées sur des naves codicariae, sortes de "péniches" du Tibre[45], qui à travers le dédale portuaire des darses gagnaient la fossa Traiana et remontaient jusqu'à Rome[46]. Malheureusement, il ne figure nulle part de telles manipulations de grain. En revanche la mosaïque de la statio 25, sur la Piazzale delle Corporazioni, représente un transbordement d'amphores contenant du vin ou de l'huile [47]. Nous y voyons dessinés deux navires, proue à proue, reliés par une planche. Le dauphin dessiné sur la coque du navire de droite semble indiquer le caractère hauturier de l'embarcation. Le bateau de gauche, plus bas sur l'eau, moins trapu, pourrait être un navire fluvial[48]. Au centre de la mosaïque, un matelot (ou un portefaix) porte sur son épaule une amphore longue et étroite[49]. Avec assurance, il se dirige du navis oneraria vers l'embarcation fluviale. J. Rougé pense que des "ducs d'Albe" étaient installés en permanence dans les bassins du port pour faciliter l'ancrage des navires et le transbordement des marchandises.

Toutefois, vu que les arrivages de grains égyptiens et africains étaient concentrés sur une courte période, les naves codicariae n'étaient pas assez nombreuses pour expédier directement l'ensemble des grains sur Rome. En outre, il faut envisager que les horrea de l'Urbs ne disposaient pas d'une capacité suffisante pour contenir la totalité de son approvisionnement[50]. Par conséquent, les cargaisons des navires annonaires étaient débarquées sur les quais pour ensuite être transportées à "dos d'homme" vers les horrea du Portus ou d'Ostie. Puis, tout au long de l'année, le procurateur de l'annone faisait remonter le Tibre à des convois de grain afin de satisfaire la demande romaine. Nous sommes d'avis qu'avec cette division des cargaisons, le procurateur de l'annone possédait une parfaite connaissance des quantités de grains arrivant par mer, mais aussi contenues dans les horrea d'Ostie. Cela lui permettait de préciser quelle quantité devait être entreposée au Portus ou à Ostie et quelle quantité devait être envoyée sur Rome. Un certain nombre de petits fonctionnaires, tels les tabularii[51] et leurs adjoints, étaient chargés de consigner par écrit les différentes quantités de grains manipulées au port dans le but d'assurer une saine gestion de l'annone. Lors des transbordements, ces fonctionnaires impériaux devaient gagner les navires en pleine eau afin de surveiller les opérations[52]. Enfin, pour répondre au mieux à la demande de l'Urbs, il est clair que le procurateur d'Ostie était en constante relation avec la statio annonae[53] de Rome qui lui précisait la situation de ses propres horrea. Et, inversement, selon un mouvement de "va et vient" Ostie devait fournir une estimation de ses propres réserves pour que le préfet de l'annone puisse gérer globalement l'approvisionnement de Rome. Nous avons gardé la trace d'un tabellarius, "agents de liaison, courriers toujours prêts au départ "[54]. L'esclave impérial Festus était attaché, sous les Flaviens, au service de la préfecture de l'annone et avait pour tâche de porter les dépêches[55]. Festus appartenait à la statio de Rome, mais il faut vraisemblablement penser qu'Ostie possédait ses propres tabellarii[56].

Les bateaux à quai, les grains étaient déchargés, contrôlés et entreposés dans les horrea. Leur manutention, ainsi que celle de l'huile, était alors prise en charge par les dockers du port : les saccarii. Les mensores, quant à eux, devaient mesurer et vérifier les quantités débarquées.

B) La manutention des grains et de l'huile

1) Les saccarii

Le blé contenu dans les cales des naves onerariae était soit en vrac, soit dans des sacs. Mais pour son déchargement et son transport, il était toujours conditionné sous cette dernière forme. La tâche des saccarii était de porter les sacci[57] et certainement les amphores comme l'atteste un relief en marbre grec découvert au Portus. A l'instar des autres travailleurs du port et des simples matelots, ces portefaix appartenaient aux plus basses classes libres de la société[58]. Gens de peu, durs à la tâche, ils sont souvent figurés sur des fresques ou des bas reliefs.

Nous les voyons au travail sur la célèbre fresque de l'Isis Giminiana qui ornait une des tombes de la via Laurentina [59]. L'Isis Giminiana désignait une "péniche" du Tibre. Elle portait le nom de la déesse protectrice de la navigation Isis auquel le nom du propriétaire, Giminius, avait été ajouté[60]. La scène représente le chargement en blé de l'embarcation. Sur la droite de la fresque, une planche inclinée relie le quai à la proue du navire. Deux saccarii gravissent la passerelle, le sac jeté sur l'épaule, et se dirigent vers le centre du bateau. Là, un saccarius qui les a précédés, vide déjà son saccus dans un conteneur de plus grande dimension[61]. Les avis sont très partagés quant à la nature de ce conteneur. Est-ce un sac[62]? Nous voyons mal l'intérêt de conditionner les blés dans des sacs plus gros, difficiles à manipuler lors du déchargement à Rome. Embarquer tels quels dans les cales, les "petits" sacs des portefaix semblent représenter un gain de temps et d'énergie. Certains y ont vu une espèce de manchon qui relierait le pont supérieur du navire à la cale[63]. Les blés seraient ainsi déversés en vrac dans cette dernière. Enfin, le conteneur pourrait être simplement un modius grossièrement représenté. Le modius, de forme cylindrique ou tronconique, était un récipient dont la contenance était connue[64]. Il servait aux mensores à mesurer les quantités de blé manipulées. L'artisan de la fresque aurait simplement modifié les perspectives, pour que l'on puisse voir le haut du modius avec son blé (c'est ce qui donne l'aspect d'un sac)[65]. Le saccarius situé à gauche du modius semble d'ailleurs égaliser la mesure de sa main droite[66] tout en guidant le blé de son autre main libre. Il est toutefois difficile de se prononcer catégoriquement sur la nature de ce sac. Assis à l'extrémité supérieure de la passerelle, un saccarius lève la main comme pour accueillir ses collègues sur le navire ou pour les encourager dans l'effort. Sur le sac, posé à ses pieds, figure l'inscription fecit : "j'ai fait" ou "j'ai fini"[67].

Que ce soit sur le bas-relief Torlonia trouvé au Portus et figurant l'arrivée d'un navire au port de Claude ou sur le relief de marbre grec conservé au musée Torlonia, les saccarii sont toujours représentés le dos plié, peinant sous la charge. Bien que Vitruve[68] ait fait mention de grues, aucune représentation figurée n'atteste l'utilisation de telles machines pour décharger les navires à Ostie[69]. Les déchargements devaient se faire dans leur grande majorité à "dos d'homme". Face à tous les moyens mis en oeuvre par les empereurs pour faire d'Ostie un complexe portuaire fonctionnel, nous ne pouvons qu'être surpris lorsque J. Carcopino affirme :

"Le machinisme en était absent [d'Ostie] ... Les portiques qui précèdent l'entrée des horrea empêchaient l'usage des treuils : et, en dehors du cardo et du Decumanus, les lourds chariots ne pouvaient ni se croiser ni même se mouvoir dans le dédale des rues étroites et des simples venelles qui desservaient ces magasins monumentaux"[70]

Le Decumanus Maximus était parfaitement carrossable, toutefois l'observation des rues perpendiculaires à la Grande Avenue d'Ostie, celles reliant le Tibre aux différents horrea, vient confirmer les propos de J. Carcopino. Les chariots, par leurs passages répétés, ont rongé la pierre au point de laisser des sillons bien visibles sur les pavés du Decumanus. Nous voyons ainsi qu'ils avaient une largeur "roue à roue" de 1,40 m (au minimum)[71]. De cet écartement nous déduisons que sur la via delle Corporazioni, la via dei Molini ou la via Epagathiana deux chariots ne pouvaient se croiser de front. De plus, sur les pavés de ces cardines secondaires, nous ne voyons aucunes traces de roues laissées par des chariots. Il est ainsi étonnant qu'une ville à vocation annonaire n'ait pas plus privilégié les transports roulants. En dépit des nouveaux plans d'urbanisme d'Hadrien par exemple, ces belles voies pavées, rectilignes, très fonctionnelles, sont demeurées étroites.

Par ailleurs, la multiplicité des seuils et l'étroitesse de l'entrée des horrea rendaient difficile l'utilisation des chariots[72]. Par exemple, nous voyons que les horrea di Hortensius sont situés au-dessous du niveau du Decumanus Maximus. Les chariots ne pouvaient donc pas accéder directement à la vaste cour centrale de l'horrea. Seuls les saccarii y pénétraient en descendant quatre marches. L'entrée principale des horrea Epagathiana et Epaphroditiana, avec son prothyrum[73] à deux colonnes de briques, comportait également un seuil d'une quinzaine de centimètres difficilement praticable pour des chariots . Enfin l'entrée sud-ouest des Grandi Horrea permettait juste le passage de deux hommes côte à côte, un sac sur le dos (2,21m)[74].

J. Le Gall pense que les animaux de bas pouvaient être utilisés à l'intérieur des villes pour le transport du grain[75]. D'autant que les différentes mesures prises par les empereurs pour réglementer la circulation des chariots dans les agglomérations ne semblent pas avoir concerné les animaux de charge[76]. Cependant, aucune représentation figurée trouvée à Ostie ne dépeint de telles pratiques. Par conséquent, il faut en conclure que le transport des blés se faisait surtout à "dos d'homme".

Si l'on considère que le transport des grains se faisait dans la majorité des cas à pied, nous remarquons que les distances séparant l'ancien cours du Tibre des horrea sont relativement importantes. Ainsi, du fleuve jusqu'aux horrea di Hortensius, il y a approximativement 275 m, jusqu'aux Grandi horrea 150m et jusqu'aux horrea Epagathiana 125m. Un portefaix devait donc parcourir cette distance une première fois le sac sur le dos, décharger son fardeau dans l'horrea, puis revenir jusqu'au quai. Pour décharger un navire de 10.000 modii dans les horrea di Hortensius, avec des sac de 30 L[77], les saccarii pris dans leur ensemble parcouraient 1604 km le long de la via delle Corporazioni[78] ; ou 8020 km pour un navire de 50.000 modii[79]. Vu l'importance des distances à parcourir, le procurateur de l'annone devait employer un assez grand nombre de saccarii. Toutefois, le temps de déchargement d'un navire reste long, si l'on en croit les données avancées par un papyrus que nous avons déjà étudié[80]. Le navire égyptien d'Irenaeus, accompagné d'autres bateaux transportant comme lui du blé, est arrivé à Ostie le 30 juin. Son embarcation fut déchargée le 12 juillet. Le 19 juillet il gagna Rome pour chercher sa dimissoire et comme il l'indique à la fin de sa lettre, le 2 août les navires venus avec lui n'avaient encore rien obtenu de la préfecture de l'annone. En définitive, il a attendu 12 jours pour que son navire soit déchargé, 19 jours pour gagner Rome. Et, 33 jours après son arrivée à Ostie, il n'avait toujours pas touché sa dimissoire. Douze jours pour le déchargement d'un navire frumentaire semble un délai assez important[81], mais pas impossible si nous songeons que la manutention se faisait à la main et que les bateaux de l'annone arrivaient simultanément au port d'Ostie pour le blé égyptien (Sénèque parle "d'une forêt de mâts"[82]) et sur une courte période pour le blé africain.

En dépit de leur importance numérique, les portefaix n'ont laissé à Ostie que très peu de traces. Certes, nous les retrouvons sur des fresques ou des bas-reliefs, mais ils ne jouent qu'un rôle secondaire. Les saccarii font partie du "décor" stéréotypé d'un port, et sont figurés comme tels. Nous ne possédons presque aucuns témoignages épigraphiques les concernant à Ostie, alors que les autres corporations liées à l'annone de Rome ont érigé de nombreuses dédicaces et statues en l'honneur du préfet ou du procurateur de l'annone. Gens de peu qui n'avaient que leurs bras à offrir, les saccarii ne bénéficiaient pas des moyens financiers nécessaires à de telles démonstrations honorifiques. Les sépultures étant onéreuses, il est également normal que l'on n'ait pas retrouvé de monuments funéraires (importants) leur appartenant ; comme ce fut le cas pour le sarcophage du lenuncularius dont nous avons déjà parlé. Mais, dans ce cas, le lenuncularius pour qu'il puisse s'offrir un sarcophage sculpté devait posséder une embarcation et donc jouir de quelques moyens. Le saccarius, lui, n'avait que ses bras.

Nous ignorons si les portefaix d'Ostie s'étaient unis au sein d'un collège ou d'un corpus. En revanche, nous avons conservés une inscription de saccarii transportant le sel (saccarii salarii). Datée de 214-217, elle est dédiée à Septime Sévère, Caracalla, Julia Domna et le César Geta ainsi qu'au genius saccariorum salinarum[83]. Apparemment ces saccarii s'étaient regroupés dans un collegium ou un corpus qui possédait un Genius. Mais, à l'inverse des saccarii frumentarium, les saccarii salarii n'avaient aucun lien avec l'annone.

Des saccarii sont également attestés à Pompéi[84], Rome[85] et Stobrez en Yougoslavie[86]. Les saccarii de Stobrez appartenaient à un collegium et ceux de Rome à un corpus[87]. Le premier doit être un collège local visant à assurer une assistance mutuelle aux travailleurs, comparable à celle des collegia fabrorum[88]. Le deuxième est d'une plus grande importance puisqu'il concerne l'annone de Rome. Comme pour les autres corporations au service de l'annona, des privilèges devaient exister pour les membres de ce corpus. Nous voyons à ce propos que dès 10 après J.-C. les saccarii de Rome s'associent pour bénéficier de funérailles honorables[89]. Enfin, au Bas-Empire, les saccarii Portus Romae reçoivent le monopole du déchargement des marchandises transitant par les bouches du Tibre[90]. Cette mesure exceptionnelle est "destinée à sauver sans doute de la ruine une corporation indispensable aux approvisionnements"[91]. Ainsi, bien que nous n'ayons aucune preuve tangible, les saccarii frumentarium d'Ostie étaient certainement regroupés au sein d'une corporation. A l'instar des mensores, les portefaix d'Ostie et de Rome constituaient deux associations distinctes. D'après le Digeste, ils ne semblent pas avoir bénéficié des privilèges que les empereurs accordaient généralement aux corporations servant l'annone. Cela tient certainement au fait que nombreux, jouissant de peu de ressources, l'Etat n'avait aucun mal à s'assurer leur concours ; à l'inverse des navicularii ou des negotiatores frumentarium attachés au service de Rome grâce à l'exemption des munera publica par exemple.

Nous ne savons pas comment et par qui étaient rémunérés les saccarii d'Ostie. Cependant, il est raisonnable de croire qu'ils étaient payés par le procurateur de l'annone, à l'aide du fiscus frumentarius[92]. Un relief de marbre grec, conservé au musée Torlonia, nous apporte quelques renseignements pratiques. Sur la pierre, nous voyons deux saccarii portant chacun une amphore sur l'épaule. Ils descendent la passerelle d'un navire. A quai, trois hommes les attendent. Assis à son bureau, un tabularius inscrit méticuleusement sur ses tablettes le nombre d'amphores débarquées. A ses côtés, un adjutor lui parle alors qu'un deuxième adjoint tend un objet oblong et strié au saccarius arrivé à terre. Cet objet, sorte de tessera, pourrait être une petite tablette sur laquelle serait inscrit le nombre de sacs que l'homme de peine aurait transporté. On lui remet la tessera à sa première descente du navire, puis à chacun de ses passages, une marque y était effectuée. Cette idée est à rapprocher d'une observation faite par J. M. Roland de la Platière[93] à propos du port d'Agrigente (en Sicile):

"Les "dockers" sont payés au voyage : en effet ils ont un grain pour chacun ; et, à chaque fois qu'ils partent, on leur remet une marque, en même temps que le sac sur la tête"

Cette phrase est troublante puisqu'elle reflète parfaitement l'action du bas-relief. A l'époque romaine les saccarii étaient peut-être déjà payés en fonction du nombre d'entailles que comportait leur tessera[94].

Les hommes de peine travaillaient toute l'année, car même pendant le mare clausum il fallait expédier des grains des horrea d'Ostie vers ceux de Rome. Toutefois, la multitude des saccarii laisse à penser que leur revenu était réduit voire suspendu durant la période d'interruption de la navigation. Alors de quoi pouvaient-ils vivre lorsque le complexe tibérin entrait en sommeil ? J. Rougé pense qu'ils subsistaient grâce aux bénéfices de la belle saison[95]. Cependant, nous avons le sentiment que la rémunération des saccarii était trop faible pour qu'ils puissent vivre 5 mois de l'année sur leurs économies. Nous pouvons également envisager qu'ils étaient employés sur les chantiers navals ayant pour tâche de remettre à neuf les bateaux lorsque l'hiver venait. Mais les charpentiers de marine (fabri navales) possédaient un savoir-faire dont ne bénéficiaient certainement pas les saccarii. Et si la Schola del Traiano[96] doit être attribuée aux fabri navales, nous voyons qu'il existait une grande différence sociale entre eux et les portefaix. Sans doute faut-il en conclure qu'ils vivaient de petites besognes, en attendant la réouverture de la saison commerciale.

2) Le contrôle des mensores

L'annone de Rome ne pouvait fonctionner sans un minutieux contrôle des volumes de grains et d'huile manipulés. Le rôle des mensores frumentarii Ostiensis consistait à vérifier les quantités et la qualité des grains transitant par le port, mais aussi par les horrea. La qualité du blé avait autant d'importance que sa quantité. Les grains pouvaient avoir pris l'eau lors de la traversée ou des transporteurs frauduleux pouvaient les avoir coupés avec des déchets ou de viles céréales[97]. C'est pour cela que dans ses relations avec les intervenants privés, la préfecture utilisait des échantillons. Les blés qu'elle avait achetés à des negotiatores ou à des mercatores privés, ainsi que les grains fiscaux confiés à des transporteurs privés, étaient ainsi plus aisément contrôlables.[98] Il suffisait de comparer les blés contenus dans les échantillons (pots de terre crue[99] ou petits sacs de cuir[100]) scellés et embarqués avec ceux déchargés sur les quais d'Ostie. L'annone devait procéder de façon similaire pour le transport et les achats d'huile.

Le fait que ces mensores se qualifient de frumentarii indique qu'il devait exister à Ostie des mesureurs contrôlant des marchandises autres que les céréales. J. Rougé va même jusqu'à affirmer que le terme de frumentarius "ne devait être qu'une spécialisation locale et que partout ailleurs les mensores mesuraient tout ce qui était à mesurer"[101]. Le caractère annonaire prononcé du port d'Ostie nécessita par conséquent la mise en place de travailleurs spécialisés. Les mensores frumentarii avaient à la fois pour tâche de fournir les données nécessaires à la gestion des réserves de l'Urbs et de lutter contre les fraudes. La préfecture de l'annone s'appuyait ainsi sur leur concours pour vérifier le strict respect des contrats qu'elle avait passés avec de nombreux intermédiaires privés (navicularii, codicarii, mercatores et negotiatores). C'est pour cela d'après J. Rougé[102] que les navicularii marini d'Arles[103] déposèrent une plainte au préfet de l'annone Claudius Julianus. Ces derniers se sentaient blessés dans leurs intérêts par les mauvaises mesures effectuées par les mensores[104]. Au Bas-Empire, en 389 après Jésus-Christ, un semblable litige eut lieu entre les mensores Portuenses et, cette fois, les bateliers du Tibre (caudicarii)[105]. Là encore un préfet de l'annone, Ragonius Vincentius Celsus, dû apaiser les deux parties. Nous ne connaissons pas les raisons du conflit mais il semble bien d'après C. Th. XIV, 4, 9 (417, Rome) qui établit une loi pour prévenir les fraudes des caudicarii et les vols des mensores, que l'administration découvrit un manque inexpliqué de blé et que les deux corporations s'en rejetèrent mutuellement la responsabilité[106]. Nous comprenons mieux pourquoi Sénèque écrit à son beau-père le praefectus annonae Pompeius Paulinus :

"Penses-tu que ce soit la même chose d'avoir soin que le blé soit, sans être endommagé par la fraude des convoyeurs ou leur négligence, versé dans les greniers ... "[107]



Fig. 5 Mosaïque de la statio 5 de la Piazzale delle Corporazioni[108]

Chacun des maillons de la "chaîne" du blé était responsable de la qualité et de la quantité du grain dont il s'occupait ; et cela depuis les provinces jusqu'aux horrea de Rome. Ainsi, à chaque point de rupture de charge, à chaque fois que les blés "changeaient de mains", les mensores intervenaient pour libérer l'ancien intermédiaire et transférer sa responsabilité sur un nouveau. Les mensores frumentarii Ostiensis mesuraient par conséquent les quantités de grain débarquées au port par les naviculaires pour vérifier qu'ils avaient dûment respecté les clauses de leur contrat. Les grains voyageaient ensuite du quai jusqu'aux horrea où ils étaient une nouvelle fois vérifiés. Le personnel de l'entrepôt en était dès lors responsable. Puis, lorsque Rome avait besoin de blé, le procurateur d'Ostie en expédiait par le fleuve. Le grain était donc mesuré à la sortie de l'horreum et au moment d'être embarqué sur les naves codicariae. Par ailleurs, il faut songer qu'une fois arrivé à Rome, les même contrôles se répétaient. Les mensores frumentarii jouaient par conséquent un rôle central dans l'organisation de l'approvisionnement romain, sans théoriquement être considérés comme des fonctionnaires de l'Etat. La préfecture de l'annone utilisait simplement leurs services.

La fresque de l'Isis Giminiana représente, associé aux saccarii, un mensor dans l'exercice de son métier. Il se trouve à droite du magister Farnaces[109] et est reconnaissable à ses habits noirs différents de ceux des hommes de peine. Dans sa main gauche, il tient une espèce de rameau que nous retrouvons également sur la mosaïque de l'aula des mensores. Ce rameau serait une cordelette enfilée de petits morceaux de bois. Pour chaque sac embarqué, le mensor fait une encoche dans le bois. A la fin de l'opération, il sait précisément le nombre de sacs montés à bord[110]. La personne se trouvant à droite de lui et qui semble maintenir le sac ou égaliser le modius, n'est pas d'après nous un mensor, mais un saccarius. Nous remarquons en effet que ce dernier est vêtu comme les portefaix, alors qu'il existe une différence sociale entre les deux métiers[111]. Sur la mosaïque de l'aula des mensores, nous trouvons les deux éléments caractérisant leur métier : le modius et le rutellum. Le rutellum servait à égaliser la surface des grains contenus dans le modius afin d'obtenir la mesure la plus juste possible. La statio 5 de la Piazzale delle Corporazioni représente un homme appuyé sur un modius et tenant un rutellum dans sa main droite (fig. 5). Malheureusement, le haut de la mosaïque est trop endommagé pour nous révéler le métier auquel se livraient ses occupants. D'autant que le modius et le rutellum ont dépassé le simple cadre des mensores pour évoquer sur les mosaïques de la Piazzale delle Corporazioni un lien plus général unissant une statio au blé. Nous retrouvons ces deux instruments sur les stationes 7, 38, 55 et 56 sans pourvoir se prononcer sur la fonction de leurs propriétaires. En revanche la mosaïque de la statio des navicularii de Gummi, oppidum près de Carthage (ou en Bysacène)[112], représente un modius entouré de deux épis de blé[113]. Ces naviculaires livraient certainement du blé à Ostie.

Les mensores frumentarii s'étaient regroupés au sein d'une corporation : le corpus mensorum frumentariorum Ostiensium[114]. D'après B. Sirks[115], cette corporation aurait été autorisée par l'empereur Trajan pour les services de l'annone, en même temps que la création du corpus pistorum[116] et des corpora lenunculariorum. L'importance de ce corpus pour l'approvisionnement de Rome est attestée par le Digeste[117]. Un rescrit des empereurs Marc Aurèle et Commode indique que les mensores frumentarii sont exempts de tutelle. Paul nous apprend également qu'à l'inverse des autres mensores présents dans les provinces, ceux d'Ostie et de Rome bénéficiaient de la vacatio munerum[118]. Il existait une inégalité juridique entre les mensores des provinces et ceux de Rome ou d'Ostie car ces derniers contribuaient à l'approvisionnement de l'Urbs.

Toutefois, sur l'inscription C.I.L., XIV, 2, datée de 197 après Jésus-Christ, nous voyons que trois magistrats de la corporation des mensores sont qualifiés respectivement de : quinquennalis perpetuus corporis mensorum adiutorum (C. Caecilius Onesimus), quinquennalis (corporis mensorum frumentariorum) nauticariorum (L. Hortensius Gallus) et quinquennalis II (corporis mensorum frumentariorum) acceptorum (N. Trebonius Eutyches). Le quinquennalis était le magistrat suprême qui, à l'instar des consuls ou des duoviri municipaux, présidait la corporation[119]. J. P. Waltzing[120] et R. Meiggs[121] pensent que les qualificatifs : adiutorum, nauticariorum et acceptorum désignent trois divisions distinctes d'un même collège. Pour R. Meiggs les mensores acceptores pourraient réceptionner les navires frumentaires, les adiutores s'occuperaient préférentiellement des quantités de grain manipulées dans les horrea alors que les nauticarii contrôleraient les blés embarqués sur les naves amnales[122]. Rien ne peut infirmer ou confirmer pour le moment les hypothèses de R. Meiggs quant à la fonction de chacun de ces mensores. En revanche, le fait qu'ils aient tous appartenu à une même corporation est discutable. Dans l'inscription C.I.L., XIV, 303 datée de 146 après Jésus-Christ, le riche Africain P. Aufidius Fortis reçoit une dédicace des marchands de blé. Sur la pierre, il est qualifié de patrono corporum mensorum frumentariorum. "Corporum" étant au génitif pluriel, tout laisse à penser que P. Aufidius Fortis était patron des corporations des mesureurs d'Ostie. Par conséquent, dans C.I.L., XIV, 2, les trois magistrats appartenaient peut-être à trois corpora séparés qui pour le creusement d'un puits (puteus) avaient agi collectivement. H. L. Royden[123] pense qu'au début du IIe siècle, il n'existait à Ostie qu'une unique corporation des mensores[124]. Puis, à partir de 146 après Jésus-Christ (C.I.L., XIV, 303), les mensores se réunirent au sein de trois corporations distinctes. La création du Portus Traiani, et l'accroissement consécutif de l'activité annonaire d'Ostie, obligea certainement les mensores à se spécialiser dans des tâches précises. Une dernière inscription (C.I.L., XIV, 4140) datée de la fin du IIe siècle mentionne le nom de Q. Aeronius Antiochus qui occupe la poste de quinquennalis corporis mensorum frumentariorum adiutorum Ostiensium. Dans ce cas, le mot "corpus" est au génitif singulier car il fait référence, comme dans C.I.L., XIV, 2, à un corpus des mensores en particulier : celui des adiutores[125].

Les mensores étaient d'un niveau social bien plus élevé que celui des saccarii. Nous voyons que leur corporation était étroitement liée au service de l'annone. Nous avons retrouvé deux dédicaces faites aux procurateurs de l'annone Q. Petronius Melior[126] (en 184) et Q. Acilius Fuscus[127] (vers 198-211). La prospérité de leurs corpora se reflète dans le choix de leurs patrons. En 135 après Jésus-Christ, les mensores cooptèrent le puissant Cn. Sentius Felix entré dans l'illustre famille ostienne des Lucilii Gamalae, vers 140/145 le notable C. Granius Maturus[128] et en 146, le riche Africain P. Aufidius Fortis[129]. Nous ne possédons pas d'alba de ces corporations, donc nous ne pouvons savoir si elles s'attachèrent la protection de patrons sénatoriaux. Toutefois, les trois patrons dont nous venons de parler jouissaient d'une grosse fortune et d'une importance politique à Ostie : tous avaient été duovir et décurion. P. Aufidius Fortis (père) fut même patron de la colonie[130]. Enfin une inscription de 147 après Jésus-Christ, révèle que C. Granius Maturus était l'amicus[131] du préfet de l'annone M. Petronius Honoratus[132].

Par analogie, l'étude du corpus romain des mensores machinarii frumenti publici est instructive[133]. Ce corpus payait pour chaque décès d'un de ses membres un funeraticium de 425 deniers[134], sorte de "prime funéraire" pour couvrir les dépenses de l'enterrement[135]. J. P. Waltzing indique que chez ces associations professionnelles, le funeraticium était financé à l'aide d'une cotisation que les membres versaient mensuellement[136]. La somme de 425 deniers étant élevée (sous Domitien la solde d'un légionnaire était de 300 deniers)[137], tout laisse à croire que les cotisations mensuelles étaient importantes. Par conséquent, les mensores machinarii frumenti publici devaient être des gens aisés[138]. De plus, à Ostie, nous avons la chance d'avoir conservé, au nord-ouest de la via della Foce, le siège de la corporation des mensores frumentarii. Les archéologues l'ont nommé l'aula (ou schola) des mensores[139]. Daté de l'époque de Trajan (opus mixtum)[140], l'aula était flanquée d'un horreum particulier[141]et d'un temple[142]. Celui-ci était peut-être dédié à Cérès, déesse qui "fait mûrir le blé et jaunir la moisson"[143]. En effet, une inscription de 135 après Jésus-Christ rattache les mensores à cette déesse : mensores frumentarii Cereris Augustae[144]. L'ensemble de l'installation fut restauré sous Hadrien (opus listatum). La découverte de la fameuse mosaïque dite de l'aula des mensores, d'époque Sévèrienne et représentant des mesureurs de blé, ainsi que d'une statue érigée par le corpus mensorum en l'honneur de leur patron Laurentius, ne laisse aucun doute sur la fonction de l'édifice[145]. L'importance de leur installation permet d'affirmer que les mensores frumentarii appartenaient à une corporation florissante. D'autant que, d'après R. Meiggs, l'aula des mensores n'était pas leur principal siège puisque cet édifice ne disposait pas des aménagements nécessaires à une corporation aussi importante que celle des mensores frumentarii[146]. Il est vrai qu'en comparaison de la vaste et luxueuse Schola del Traiano[147], l'aula des mensores semble assez réduite.

Les horrea dei Mensores étaient situés tout près du Tibre ce qui permettait un stockage aisé du grain en provenance des quais. Toutefois, G. Rickman a fait remarquer qu'à l'inverse des autres entrepôts d'Ostie, le plan des horrea dei Mensores était spacieux et ouvert. Il y avait une alternance de cellae de dimensions ordinaires et de pièces de grande largeur (12 m). Une large rampe permettait d'accéder à l'étage supérieur. L'auteur pense ainsi que ces entrepôts étaient plutôt destinés à la manipulation et au mesurage des grains qu'à leur stockage[148]. M. Cébeillac-Gervasoni en déduit que "la finalité de ces bâtiments était de permettre de peser et peut-être de contrôler la qualité d'une grande quantité de froment lorsque les céréales transitaient entre le port et les horrea"[149]. Cependant, il nous paraît difficilement concevable qu'un bateau arrivant à Ostie décharge son grain dans les horrea dei Mensores pour ensuite, après contrôle, les transférer à nouveau vers les Grandi Horrea ou les Horrea Antoniniani situés à l'autre bout de la ville. Pour note, les horrea dei Mensores étaient situés à près de 500m des Grandi Horrea et à presque 1km des horrea Antoniniani[150]. Certes, sur le Decumanus Maximus les grains pouvaient être déplacés en chariot, toutefois la multiplicité des manipulations rend improbable un tel déroulement des procédures de contrôle. D'autant que sur les fresques de l'Isis Giminiana ou sur le marbre grec du Portus, nous voyons que les mensores et les tabularii étaient soit sur le bateau, soit sur le quai. C'est donc eux qui allaient vers les grains et non les grains qui allaient à eux. Ostie s'étant développée en longueur selon une étroite bande est-ouest longeant le Tibre, le transport des blés devait majoritairement se dérouler suivant un axe nord-sud. C'est pour cela qu'à de rares exceptions près[151] l'ensemble des horrea s'étendait au nord de la ville, au plus près des berges du fleuve. Pour finir, il faut noter que les entrées des entrepôts les plus importants d'Ostie étaient orientées vers le nord[152], ce qui renforce l'idée d'une circulation principalement nord-sud. En définitive, selon nous, les blés annonaires étaient contrôlés sur les quais, sitôt déchargés des navires, puis à l'entrée de leurs horrea de stockage[153]. Pour les opérations de contrôle, ils ne transitaient certainement pas par un bâtiment tiers comme les horrea dei Mensores.

Les mensores oeuvraient toute l'année puisque le procurateur d'Ostie avait pour mission d'envoyer du blé par le fleuve lorsque les besoins de l'Urbs se faisaient sentir. Mais, à l'instar des saccarii, les corpora mensorum devaient connaître une baisse d'activité en dehors des périodes d'arrivage de grain (mars à octobre). Leur sort durant la morte saison était toutefois moins préoccupant que celui des hommes de peine. En premier lieu parce qu'ils étaient d'un niveau social plus élevé, ensuite parce qu'ils devaient être nettement moins nombreux (1 mensor pour 5 saccarii d'après la fresque de l'Isis Giminiana). Les codicarii connurent certainement les mêmes phases d'activité au cours de l'année.

C) La remontée du Tibre

Le port d'Ostie constituait un point de rupture de charge entre la mer Tyrrhénienne et Rome. Les navires hauturiers ne pouvant remonter le Tibre, leurs cargaisons étaient transbordées sur des navires fluviaux de plus faible tonnage : les naves codicariae. Grâce à leur faible tirant d'eau ces péniches pouvaient aisément naviguer sur le fleuve. Les naves codicariae tiraient leur origine du mot codex ; c'est par ce dernier que les anciens désignaient un assemblage de planches[154]. Nous voyons représenter un tel chaland sur la fresque de l'Isis Giminiana. D'après Sénèque la navis codicaria :

"désigne dans l'ancienne langue les péniches qui apportent les approvisionnements par le Tibre"[155]

Ces embarcations à fond plat, d'assez fort tonnage, étaient lentes et ne possédaient aucun moyen de propulsion propre: ni rame, ni voile[156]. Eléments inutilisables sur le Tibre, si l'on suit les propos de Procope[157]:

"Quand les marchands ont tiré leurs ballots des navires, et qu'ils les ont mis sur les bateaux [fluviaux], ils remontent à Rome, non pas à la voile, parce qu'il n'y a pas de vent, ni à force de rames, parce que le cours de l'eau est trop violent, mais grâce aux boeufs, qui tirent les embarcations de la même manière qu'ils tireraient des chariots"[158]

Comme l'attestent les auteurs anciens, ces péniches étaient halées depuis les berges du Tibre jusqu'à Rome[159], soit une distance de 35, 5 km[160]. Procope indique qu'au Bas-Empire elles étaient mues par des boeufs. Toutefois, J. le Gall estime que pour les premiers siècles de notre ère cette tâche était dévolue à des haleurs (helciarii)[161]. Chaque jour, luttant contre la force du courant, ces hommes parcouraient 11 km et devaient donc effectuer deux "gros" arrêts par voyage. Le soir venu, ils campaient sur les berges du fleuve pour repartir au petit matin[162]. La forme des codicariae, navires bas sur l'eau aux flancs rebondis mais à la proue élancée, permettait une bonne pénétration de l'eau et facilitait leur travail.

G. Rickman avance que la jauge nette des codicariae était de 1.000 modii[163]. D'après nos estimations, 29.400 barges sous Claude et 42.000 barges sous les Sévères auraient été nécessaires pour transférer sur Rome l'ensemble des blés arrivant à Ostie[164]. Si les bateaux mettaient trois jours[165] pour remonter jusqu'à Rome, un jour pour être chargé et autant pour être déchargé, puis un jour pour redescendre sur Ostie : en une année une barge ne pouvait effectuer plus de 60 voyages aller retour[166]. Par le calcul, nous voyons que 490 codicariae sous Claude et 700 codicariae sous les Sévères devaient ainsi naviguer toute l'année pour approvisionner l'Urbs[167].

Nous avons dit que ces péniches ne possédaient aucun moyen de propulsion propre, alors comment faisaient-elles pour gagner l'intérieur du Portus ? Les chemins de halage ne se prolongeaient certainement pas dans le dédale des quais du complexe portuaire. De quelle façon atteignaient-elles le centre du bassin lors des transbordements de blé et d'huile? Nous sommes d'avis que le travail des naves codicariae était lié à celui des lenunculi. Ces grosses barques à rames remorquaient les péniches jusqu'aux lieux de manutention, que ce soit à quai ou en pleine eau. Nous trouvons d'ailleurs les deux corporations associées le 18 mai 247 lors d'une dédicace offerte à L. Mussius Aemilianus Aegippius qui était procurateur Portus Utriusque, c'est-à-dire fonctionnaire chargé de la capitainerie du port[168]. Nous connaissons d'après une autre inscription un chevalier romain, C. Veturius Testius Amandus, qui était à la fois patronus et defensor des lenuncularii et quinquennalis du corpus splendidissimum codicar(iorum)[169]. Le riche Amandus devait posséder des intérêts croisés dans la batellerie du port et dans celle du fleuve.

Les possesseurs de naves codicariae, les codicarii s'étaient groupés en corporation : une inscription de 147 après Jésus-Christ parle du corpus splendidissimum codicar(iorum)[170]. Dans une autre inscription, les membres de ce corpus se font appeler codicarii navicularii infra pontem S[ublicium][171]. C'est-à-dire que les péniches basées à Ostie[172] s'occupaient du transport des marchandises jusqu'au Pont Sublicius à Rome[173]. Plus tardivement, au IVe siècle après Jésus-Christ, ils se firent appeler codicarii navicularii infernates. Ces derniers étaient chargés du trafic sur le cours inférieur du Tibre, en aval de l'Urbs[174]. Nous observons également que codicarii s'accole souvent dans les attestations épigraphiques (dès 166 après Jésus-Christ)[175] au mot navicularii. Peut-être qu'à l'instar des naviculaires possesseurs d'embarcations hauturières, les codicarii navicularii étaient des "entrepreneurs de transports fluviaux"[176].

Une chose est sûre, le corpus des codicarii était puissant à Ostie. Comme toutes les grandes corporations de la ville, il possédait sa propre statio sur la Piazzale delle Corporazioni[177]. Dans C.I.L., XIV, 185, il s'assura le patronage d'un préfet du prétoire (praefectus praetorio)[178]. Le corpus entretenait également de bonnes relations avec l'administration romaine, notamment avec le procurateur Portus Utriusque L. Mussius Aemilianus Aegippius[179]. La corporation possédait des curateurs[180] et des défenseurs[181]. Le riche L. Calpurnius Chius qui était quinquennalis du corpus mensorum frumentariorum Ostiensium occupait la charge de curator bis et honoratus III du corpus codicariorum Ostiensium[182]. D'après H. L. Royden, le terme d'honoratus III semble indiquer que Chius fut quinquennalis du corpus codicariorum, et cela peut-être trois fois[183]. Dans C.I.L., XIV, 4144, nous voyons les bateliers ériger une statue en l'honneur d'un de leurs quinquennales : le chevalier romain C. Veturius Testius Amandus. C'est dire l'importance de cette corporation si l'un de ses magistrats appartenait à l'ordre équestre[184]. Les codicarii avaient pour membre l'oriental[185] M. Caerellius Iazemis[186]. Ce dernier avait été quinquennalis puis quinquennalis perpetuus du corpus pistorum (les boulangers) et appartenait à la puissante corporation des mercatores frumentarii. Cela prouve le lien étroit existant entre les codicarii et le monde du blé. Nous voyons poindre une certaine concentration verticale. Des intervenants du blé, riches notables ou commerçants d'Ostie, contrôlaient plusieurs étapes conduisant le blé d'Ostie à Rome[187].

Les codicarii devaient transporter toutes sortes de marchandises à destination de l'Urbs ; aussi bien pour le compte de l'annone que pour celui des particuliers. Toutefois, vu l'importance qu'ils jouaient au sein de la "machinerie" annonaire, la préfecture semble avoir instauré un lien hiérarchique entre elle et cette corporation. Ainsi en 166, dans une dédicace faite par les codicarii navicularii à Verus, nous voyons intervenir un préfet de l'annone[188]. H. Pavis d'Escurac pense qu'il s'agit de Ulpius Saturninus[189]. Ce dernier joua le rôle d'intermédiaire entre l'empereur et les bateliers du Tibre[190].

Les personnes mentionnées sur les inscriptions concernant les codicarii n'étaient certainement pas celles qui tout au long de l'année naviguaient sur le Tibre. Elles n'étaient que les propriétaires des embarcations. Les attestations épigraphiques ne font intervenir que l'élite du corpus, alors qu'une masse importante de petites gens comme les capitaines (tels Farnaces sur l'Isis Giminiana), les matelots, les haleurs n'a laissé que peu de trace. Seule l'imagination et la compréhension des nécessités humaines inhérentes au transport fluvial permettent de leurs redonner vie.

Conclusion

Pour que l'approvisionnement romain soit efficace, le procurateur de l'annone utilisa le concours d'un assez grand nombre de petits travailleurs : saccarii, plebs des mensores ainsi que d'autres qui, parfois, ne possédaient pas de liens directs avec le blé. Nous pensons aux rameurs des lenunculi, aux timoniers, aux matelots et aux haleurs des naves codicariae. Par conséquent, une importante partie de la population "active" de la ville contribuait à l'annone de Rome. La préfecture de l'annone devait ainsi constituer le ou l'un des premiers employeurs de la ville. R. Chevalier estime que ces petits travailleurs, ainsi que le personnel administratif de l'annone, vivaient dans les derniers étages des insulae, le pendant de nos modernes H.L.M.[191].

Mais, comme nous l'avons vu, il faut toujours prendre soin de bien différencier la plebs laborieuse de l'élite corporative d'Ostie. C'est cette dernière qui apparaît sur les inscriptions honorifiques ou sur les épitaphes. Car, en premier lieu, les autorités et les puissants ne traitaient le plus souvent qu'avec les plus hauts représentants des corporations : les magistrats et les patrons. Et en deuxième lieu, seule l'élite corporative possédait les moyens financiers, les relations avec l'administration municipale et impériale, en résumé l'influence nécessaire pour que des monuments honorifiques ou d'imposants édifices funéraires lui soient érigés.

Toutefois, paradoxalement, nous pouvons dire que patrons, magistrats et plebs ne formaient qu'un. Pas au sens juridique du terme, comme le laisse entendre les mots de collegium ou de corpus, mais suivant des liens familiaux étroits et souvent par le jeu des affranchissements. Une rapide analyse de l'album de l'ordo corporatorum lenunculariorum tabulariorum auxiliares Ostiensium est instructive[192]. En 152 après Jésus-Christ, le corpus avait comme patron équestre L. Iulius Memor. Les patrons qui étaient cooptés pour leur influence tant politique que financière n'appartenaient pas ordinairement aux collèges. Pourtant sur cet album, nous voyons le nomen Iulius apparaître neuf fois parmi les membres de la plebs. C'est également le cas du patron M. Cipius Proclianus. Le nomen Cipius de ce chevalier est assez rare. Cependant, nous retrouvons cinq Cipii dans la plebs. Enfin, le plus significatif concerne les Cornelii. M. Cornelius M. F. Secundus était quinquennalis du corpus et M. Cornelius Epagathus occupait le poste honorifique de quinquennalis perpetuus. Nous retrouvons 26 fois le nom de Cornelius dans la plebs. Les mêmes liens peuvent être établis pour l'album de 192 après Jésus-Christ[193]. Nous rencontrons de nouveau un dénommé M. Cipius Victor au poste de quinquennalis perpetuus, puis quatorze autres fois le nom Cipius sur l'album : au fil des ans les Cipii ont gagné de l'influence au sein de la corporation. De semblables liens apparaissent également entre la plebs et les six patrons équestres ou les sept autres magistrats du corpus.

Aussi, ces corporations oeuvrant pour l'annone apparaissent comme un milieu où les relations sociales étaient denses et hiérarchisées. Les magistrats et les patrons appartenant à l'ordre équestre[194]étaient solidement enracinés dans le corpus grâce aux membres de leur famille ou à leurs affranchis qu'ils avaient sus placer au coeur de la plebs. L'emprise de ces élites est plus éclatante encore si l'on songe que les Cipii étaient non seulement implantés dans le corpus des lenuncularii tabularii, mais aussi dans celui des lenuncularii pleromarii[195]. Nous pouvons rapprocher le cas des Cipii avec celui de L. Calpurnius Chius qui était magistrat du corpus des mensores et curator bis et honoratus III des codicarii[196]. Le cas de M. Caerellius Iazemis est similaire puisqu'il était à la fois magistrat du corpus pistorum et membre du corpus des mercatores frumentarii et des codicarii[197]. En définitive, le travail du procurateur de l'annone, qui nécessitait le concours et le contrôle d'intervenants privés, s'intégrait dans un système complexe de relations bidirectionnelles : simples relations verticales entre les magistrats d'un collège et les gens que ces derniers "possédaient" au sein de la plebs, mais aussi relations horizontales avec cette fois les hommes placés à la tête de plusieurs corpora.

NOTES

[1] Cette estimation ne prend en compte que la ville d'Ostie au IIe siècle après Jésus-Christ, la population du Portus n'est pas comptabilisée. J. Th. Bakker nous a fait remarquer que cette estimation est étroitement liée aux nombres d'étages potentiels des maisons ostiennes. Pour sa part, il estime que 40.000 habitants est une évaluation plutôt élevée. Voir également Chevallier (R.), Ostie antique ..., p. 147.

[2] Il ne faut pas oublier que Rome était durant l'Antiquité la plus grande ville du monde méditerranéen et, en tant que capitale d'Empire, elle représentait un centre intellectuel et administratif de première importance. Il était donc normal que son port, Ostie, connaisse un fort trafic de voyageurs.

[3] Carcopino (J), Ostie ..., p.18.

[4] Juvénal, Satires, XII, 75-82. Cette satire XII a été rédigé sous Hadrien.

[5] Juvénal, Satires, XII, 75-82.

[6] Juvénal, Satires, XII, 75-82.

[7] Virlouvet (C.), Du pain, nourrir une ville millionnaire ..., p. 62.

[8] A partir du IIe siècle après Jésus-Christ, il faut incorporer l'huile à la "chaîne" du blé. Cette nouvelle denrée annonaire suivait les mêmes étapes que celles conduisant le blé des provinces productrices jusqu'à Rome. Au plus peut-on penser que la part des intermédiaires privés, tels les mercatores et negotiatores était plus importante.

[9] Festus, s. v. Promulco, p. 251 Lind.: Promulco agi dicitur navis quum scaphae ducitur fune. On dit qu'un navire est en remorque lorsqu'il est mené par le câble d'une scapha.

[10] Nonius Marcellus, XIII, p. 858, Lind. : Scaphae sunt naviculae quae maiores naves consecuntur.

[11] Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 221-222.

[12] Calza (G.), La necropoli dell' Isola Sacra, Rome, 1940, fig. 107 (tombe 90). On voit également deux scaphae sur le célèbre bas-relief Torlonia trouvé au Portus et daté de 200 après Jésus-Christ. La première scapha est située près de la poupe d'un navire de mer, alors que la deuxième scapha semble amarrée à un ponton ou à l'avant d'un second navire hauturier.

[13] Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 222 et suiv.

[14] Strabon , V, 3, 5. En particulier les lenunculi pleromarii auxiliarii.

[15] Calza (G.), La necropoli dell' Isola Sacra ..., fig. 153 (tombe 78).

[16] C.I.L., XIV, 409.

[17] Cn. Sentius Felix avait pour fils adoptif Cn. Sentius Lucilius Gamala Clodianus. Cf. Cébeillac-Gervasoni (M.), Ostie et le blé au IIe siècle ..., p. 56, n. 17.

[18] C.I.L., XIV, 4144 ; 352.

[19] C.I.L., XIV, 170 = VI, 1624 (I.L.S., 1433).

[20] C.I.L., XIV, 250.

[21] C.I.L., XIV, 251.

[22] On rencontre également le terme de numerus ou de populus. Royden (H. L.), The magistrates of the Roman professional collegia in Italy from the first to the third century A.D., Giardini Editori e Stampatori in Pisa, 1988, chap. I, p. 1-23

[23] Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 346. D'après M. Christol L. Volusius Maecianus n'avait pas la charge de la préfecture de l'annone en 152 après Jésus-Christ. Sa mention sur cet album doit être rattachée à une charge qu'il exerça antérieurement. Toujours est-il qu'après la préfecture de l'annone et de l'Egypte, cet éminent juriste entama une carrière sénatoriale, qui le conduisit au consulat.

[24] Sur C.I.L., XIV, 251, le nom du premier sénateur a été martelé.

[25] C.I.L., XIV, 252.

[26] C.I.L., XIV, 409 et 5320 ; 5380 pour d'autres mentions de ce corpus.

[27] Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 224-225.

[28] C.I.L., XIV, 4553 ; 4554 ; 4555 ; 4556 ; 5327 ; 5328. Ces C.I.L. sont de l'époque d'Antonin le Pieux et Marc Aurèle sauf C.I.L., XIV, 5328 qui date du IIIe siècle après Jésus-Christ.

[29] C.I.L., XIV, 425.

[30] Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p.296-298.

[31] Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 224.

[32] A. E., 1994, 319.

[33] C.I.L., XIV, 5327 ; 5328 parle du corpus (scaph)ariorum traiectus Rusticeli. Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p.296-298.

[34] traiectus Luculli, marmorariorum , togatensium et les lenunculi tabularii et pleromarii.

[35] On imagine d'ailleurs assez mal comment une petite scapha, avec un ou deux rameurs à son bord, pouvait tirer des navires 50.000 modii (154 tx) ou, bien plus, pour certains navires de la classis Alexandrina.

[36] Strabon, V, 3, 5.

[37] Certains auteurs ont cru voir dans l'adjectif tabularius un lien avec des documents écrits, des archives qui ferait de ces corporations un service de messagerie fluviale. Cependant, pourquoi confier le courrier à des navires fluviaux qui mettaient trois jours pour gagner Rome (Chevallier (R.), Ostie antique ..., p.125), alors que par la via Ostiensis ou la via Portuensis, il fallait 6 heures à pied et bien moins à cheval.

[38] Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p.296-298. Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 23 et suiv.

[39] Par exemple les Grandi Horrea, Reg., II, IX, 7 restaurés par Commode et les Sévères. Voir infra.

[40] Mais autre problème fondamental : est-ce que les horrea d'Ostie servaient au stockage des denrées annonaires de Rome ?

[41] D'ailleurs, si l'on suit les propos de G. Houston, la jauge moyenne des navires de l'époque était de 60 tonnes ou 9.000 modii. C'est justement d'après Dion. Halic., Ant. Rom., III, 44 la jauge limite au-dessus de laquelle les navires ne pouvaient plus passer la barre du Tibre. Donc même si le port fluvial ne connut plus un important trafic annonaire, rien n'empêchait les navires marchands d'accoster à Ostie ville. Dans le cas contraire, pourquoi Ostie n'a-t-elle pas périclité plus vite au profit du Portus ? Callistrate, dans le Dig. XIV, II, 4, nous donne d'ailleurs pour le début du IIIe siècle après Jésus-Christ une minutieuse réglementation concernant les naufrages survenus lors du déchargement de navires par des allèges à l'estuaire d'un fleuve. Pensait-il à l'entrée de la Fiumara en particulier ? Enfin, la partie nord du Cardo Maximus, c'est-à-dire les actuels Portici di Pio IX, semble indiquer qu'il y avait bien des arrivées et des départs d'Ostie. Cette large avenue flanquée de part et d'autre de portiques, ce qui est rare à Ostie, reliait le forum au Tibre. Selon Jan-Theo Bakker, le caractère monumental de cette avenue, datée d'Hadrien pour la forme actuelle, semble plus indiquer des départs et des arrivées par mer que par le Tibre. Toutefois, ces mouvements concernaient certainement des bateaux transportant des personnes. J. Th. Bakker y verrait volontiers le lieu d'arrivée des empereurs, des gouverneurs provinciaux et autres fonctionnaires. La majestueuse avenue serait tout à fait digne de leurs rangs.

[42] Il est délicat d'estimer le nombre d'embarcations à partir de l'effectif de la plebs des différentes corporations. Car en premier lieu, un membre peut posséder plusieurs embarcations et en deuxième lieu, il peut y avoir des membres honoraires, sortes de bailleurs de fond, comme c'est le cas chez les corpora de naviculaires, qui ont pour seul fonction d'apporter leurs capitaux. Toutefois, vu l'importance du collège des tabularii, en particulier on peut penser qu'il y avait au port pléthore de lenunculi et de Scaphae. Par ailleurs, les noms des membres ordinaires figurant sur l'album ne sont probablement pas ceux des gens de peu qui propulsent les lenunculi à la rame. Au pire sont-ils ceux des timoniers et au mieux de personnes possédant plusieurs bateaux qu'ils exploitent ... D'après A. E., 1979, 94, nous savons que C. Voltidius Felicissimus qui faisait partie de la plebs l'ordo des lenuncularii tabularii auxiliarii en 192 après Jésus-Christ (C.I.L., XIV, 251, V, 37) possédait des esclaves, des affranchis et jouissait de revenus financiers assez important pour se faire construire un tombeau.

[43] 202 après Jésus-Christ correspond à la première mention (supposée) d'un procurator Portus Utriusque de rang équestre à Ostie (C.I.L., XIV, 4285 (I.L.S., 6178). H.-G. Pflaum pensait voir en C. Pomponius Turpilianus, procurator ad oleum in Galbae Ostia Portus utriusque, un autre procurateur des deux ports. L'inscription (C.I.L., XIV, 20 (I.L.S., 372)) étant datée de 175 après Jésus-Christ, il faudrait selon lui dater du règne de Marc Aurèle l'apparition de ce responsable équestre. Pflaum (H.-G.), La préfecture de l'annone ..., p. 59.

[44] [Reference to chapter that is not on this website]

[45] littéralement, navire fait de pièces de bois reliées entre elles.

[46] Rougé (J.), Recherches sur l'organisation du commerce maritime ..., p. 160. Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 256.

[47] Becatti (G.), Mosaici e pavimenti marmorei ..., TAV. CLXXXI, no. 106.

[48] Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 230.

[49] On peut penser que c'est préférentiellement une amphore vinaire ; les amphores à huile de Bétique, Dr. 20, ayant une forme pansue.

[50] Enfin, maintenir les stocks de grains loin de Rome était sans nul doute, lors des périodes de famine, un bon moyen de protéger l'annone de Rome d'une plebs trop "entreprenante".

[51] Le petit personnel n'a laissé que peu de trace, cependant nous connaissons pour Ostie un affranchi impérial T. Aelius Saturninus qui avait la charge de tabularius Ostis ad annona (sic). C.I.L., VI, 8450. Cet esclave fut affranchi conjointement par Hadrien et Sabine ou Antonin le Pieux et Faustine. Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 123-124.

[52] A moins que ce rôle ait été simplement dévolu aux mensores qui, de retour au port, fournissaient les quantités de blé annonaire manipulées. Toutefois, laisser une telle amplitude aux mensores aurait incité plus d'un à la fraude. Nous pensons donc que toute mesure effectuée par le soin des mensores était supervisée par un fonctionnaire de l'annone. Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations professionnelles chez les Romains depuis les origines jusqu'à la chute de l'Empire d'Occident, t. 2, Louvain, 1896, p. 63 pense que les mensores oeuvraient sous le contrôle des tabularii.

[53] Statio prend ici le sens de siège administratif de l'annone à Rome.

[54] Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 97.

[55] C.I.L., VI, 8473.

[56] Pavis d'Escurac (H.), "Le personnel d'origine servile dans l'administration de l'annone", in Actes du colloque 1972 sur l'esclavage, Paris, 1974, p.299-313, p. 307.

[57] Dig., XVIII, I, 40, 3 : "si quid ex sacco saccarii cecidisset".

[58] Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 229.

[59] Carcopino (J.), "Ostiensia II, Le quartier des docks", in MélArchHist, 30, 1910, p. 397-446, p.427.

[60] Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations, t. 2 ..., p. 59-60.

[61] Le sac ( ?) arrive à la hauteur des hanches des différents protagonistes.

[62] C'est ce que pense Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 232, n. 194.

[63] Le Gall (J.), Le Tibre ..., 230.

[64] Parfois le récipient, comme son nom l'indique, contenait un modius soit 8,75 L de blé, mais sa capacité pouvait également être de plusieurs modii.

[65] En dépit du réalisme de la fresque, on voit que le saccarius situé à gauche du gros sac est complètement désarticulé afin de regarder vers le "spectateur". Ses pieds, ses jambes et sa tête sont dans le même axe, dirigés vers l'avant de la fresque, alors que son buste fait un angle supérieur à 90° par rapport à cet axe.

[66] A moins qu'il ne maintienne le sac ouvert pour ne pas perdre de grains. Toutefois, si l'on compare cette scène avec la mosaïque de l'aula des mensores à Ostie on peut remarquer certaines similitudes qui nous font penser que le sac pourrait être un modius. Sauf que sur la mosaïque, la personne qui égalise le grain est un mensor alors que sur la fresque on peut penser que c'est un saccarius (il est habillé comme ses collègues).

[67] Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations ..., t. 2, p. 59-60.

[68] Vitruve, De l'architecture, X, 2, 5.

[69] A une exception près : la mosaïques no. 32 de la statio des navicularii Narbonensis sur la Piazzale delle Corporazioni (C.I.L., XIV, 4549, 32, "Navi(cularii) Narbonenses"). Leur mosaïque figure un bateau amarré aux quais du port de Claude ou de Trajan surmontés de leurs portiques ou de leurs entrepôts. Bon nombre d'auteurs se sont interrogés sur cette mosaïque et y ont vu pour les uns "une potence [qui soutenait] deux sacs entonnoirs avec des manches aboutissant au navire" Grenier (G.), Manuel d'archéologie gallo-romaine, t. II ..., p.533, pour d'autres un bateau déchargé "à l'aide d'un bras articulé" Reddé (M.), Portus le plus grand port du monde romain ..., p.60. En outre, que le navire soit chargé ou déchargé, d'aucun pensait que la marchandise manutentionnée était du blé (ce qui n'est pas selon nous une évidence). L'analyse de cette mosaïque est délicate. Avant toute chose, nous voyons d'après les caractéristiques du navire que nous avons affaire à une embarcation hauturière car, d'après J. Le Gall et G. Rougé, les naves codicariae ne possèdent pas de voile. Ainsi, si le navire arrivait à Ostie, il ne pouvait logiquement que décharger sa cargaison, du bateau vers l'entrepôt et non l'inverse comme l'annonce G. Grenier. Un tel chargement de navire n'aurait été possible que sur des naves codicariae. Partant de l'idée que c'est un déchargement, l'utilisation de sacs entonnoirs n'est plus à retenir car il aurait fallu des techniques d'aspiration que les Romains ne maîtrisaient pas. Certes, on peut imaginer que c'est un navire privé venu acheter du blé sur le marché "libre" de Rome. Mais dans ce cas, comment les saccarii déversaient-ils le blé dans les manches ? L'extrémité de cette dernière se trouve loin en avant des quais, au-dessus des eaux. Bien que le système figuré se confonde avec la voilure avant du navire (Rougé (J.), Recherches sur l'organisation du commerce maritime ..., p.161. Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., planche XXIII, d.) la meilleure hypothèse, selon nous, reste le bras articulé ou la "grue" qui servirait à décharger des sacs de blé ou toute autre marchandise. Car on discerne bien sur le quai un long pylône qui ne peut être confondu avec la mature ou la voilure du navire.

[70] Carcopino (J), Ostie ..., p. 22-23.

[71] Mesure effectuée par nos soins.

[72] Rickman (G.), Roman Granaries and Store Buildings, Cambridge, 1971, p.86.

[73] Mot d'origine grecque, porche d'entrée.

[74] Mesure effectuée par nos soins. D'après Lugli (G.), Filibeck (G.), Il porto di Roma imperiale e l'agro portuense, Rome, 1935, p. 70, il faudrait tirer les mêmes conclusions pour les horrea du Portus Traiani. Toutefois, il n'est pas sûr que cette entrée sud-ouest des Grandi Horrea ait existé au Haut-Empire, elle peut dater du Bas-Empire et même avoir été percée postérieurement.

[75] Les chevaux étaient utilisés mais on préférait surtout les mulets et les mules. Le Gall (J), Un mode de transport méconnu ..., p.70-71.

[76] Tables d'Héraclée, C.I.L.,I(2), 593 (I.L.S., 6085), qui contiennent le texte de la lex lulia municipalis où César fixe en 45 avant J.-C. les principes de toute loi municipale. Voir également les diverses mesures prises par les empereurs : Suétone, Claude, XXV, 5 ; S.H.A.. , Hadrien, XXII, 6-7 ; Marc Aurèle, XXIII, 8. Compléter avec Horace, Epist., II, 2, 72-74 ; Martial, V, 22, 5-8 et Juvénal, Sat. III, 236, pour la circulation d'animaux de bas dans Rome.

[77] Soit 25 kg de blé. Capacité ordinaire d'après Chevallier (R.), Ostie antique ..., p. 139. Jouanique (P.), "La mosaïque de l'aula des mensores à Ostie", in R.E.L. , 47e année, 1969, p.418-423, p.421arrive au même résultat.

[78] 10.000 modii équivaut à 87.500 L donc 87.500/30= 2916,6 sacs. Pour 1 sac il faut parcourir 275m pour gagner les horrea di Hortensius, plus 275 au retour soit 550 m en tout. Ainsi on arrive à 1.604.130m soit 1604 km.

[79] 50.000 modii équivaut à 437.500 L soit 14.583 sacs soit 8.020.833m soit 8020 km.

[80] BGU, no. 27 ; Wilcken - Mitteis, Chrestomathie, no. 445 ; Loeb, Select Papyri, Letters no. 113.

[81] [Reference to chapter that is not on this website]

[82] Sénèque, Lettres à Lucilius, IX, 77,1.

[83] C.I.L., XIV, 4285 ( I.L.S., 6178). Sirks, Food for Rome ..., p. 257-258. Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 417.

[84] C.I.L., IV, 274 (sur un mur) ; 497.

[85] C.I.L., VI, 5356 (Rome, dans un columbarium i.e., un tombeau collectif aux murs intérieurs creusés de petites niches, dont chacune abritait les cendres d'un défunt ; associé à l'organisation (collège) funéraire); 25737 ; 4417 ( Rome, sur un cippe).

[86] C.I.L., III, 14642 (stèle près de Stobrez sur les côtes de Dalmatie) ; 14643 = ILS 7292 (stèle trouvée près de Stobrez). Pour les attestations grecques de saccarii : Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations ..., t.2, p. 155, n. 80.

[87] Sirks (B.), Food for Rome ..., p. 257.

[88] Sirks (B.), Food for Rome ..., p. 257.

[89] C.I.L., VI, 4417. Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 230.

[90] C. Th. 14, 22, 1 Loi de l'empereur Valentinien en 364 après J.-C., De saccariis Portus Romae. Sirks, Food for Rome ..., p. 258.

[91] Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 178.

[92] Cf. Chap. V, A, 1. Mais on remarque qu'ils figurent souvent aux côtés des mensores, cf. la mosaïque de l'aula des mensores, ou la fresque de l'Isis Giminiana. Peut-être étaient-ils payés par ces derniers ?

[93] Lettres écrites de Sicile et de Malte, Turin, 1782, p. 476, rapporté par Chevallier (R.), Ostie antique ..., p.139, n. 29.

[94] Virlouvet (C.), Tessera Frumentaria, Les procédures de la distribution du blé public à Rome, Rome, 1995, p. 87, se demande s'il ne faut pas y voir une marque de contrôle destinée à être présentée à l'entrée de l'horrea, "prouvant que l'amphore a bien été comptabilisée sur le registre à son arrivée au port".

[95] Rougé (J.), Recherches sur l'organisation du commerce maritime ..., p. 295.

[96] Reg., IV, V, 15-16.

[97] C'est ce dont se plaint un procurateur de Neapolis, Antonius Aelianus, en 188 après Jésus-Christ : P. Oxy. 2125 et 708 = W. Chr. 432.

[98] L'utilisation d'échantillons était une pratique habituelle du grand commerce antique. Voir A. E., 1951, 165, b pour le cas du vin, et pour le blé Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 232. On les utilisait pour juger la qualité de la marchandise que l'on achetait et pour contrôler qu'elle était conforme à ce que l'on recevait lors de la livraison. Schwartz (J.), Le Nil et le ravitaillement de Rome ..., p. 184 atteste de tels usages pour le blé annonaire égyptien.

[99] Schwartz (J.), Le Nil et le ravitaillement de Rome ..., p.184.

[100] Guéraud (O.), "Deux documents relatifs au transport des céréales dans l'Egypte romaine", in Annuaire du Service des Antiquités d'Egypte, XXXIII, 1939, p. 59. Guéraud (O.), "Un vase ayant contenu un échantillon de blé", in Journal of juristic papyrology, IV, 1950, p.107-115.

[101] Rougé (J.), Recherches sur l'organisation du commerce maritime ..., p.187.

[102] Rougé (J.), Recherches sur l'organisation du commerce maritime ..., p. 472.

[103] C.I.L., III, 14165 ; 14168 (I.L.S., 6987). Voir. Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations, t. IV ..., 616-623.

[104] [Reference to chapter that is not on this website]

[105] C.I.L., VI, 1759 complété avec C. Th., XIV, 23. "Codicarii" semble avoir été utilisé jusqu'à l'époque de Constantin (306-337), ensuite "caudicarii" a prévalu. Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p.226, n. 147.

[106] Sirks (B.), Food for Rome ..., p. 264. Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations, t. II ..., 63-64.

[107] Sénèque, De Brevitate Vitae, XIX, 1.

[108] Cliché auteur.

[109] Farnaces doit être le gubernator du bateau, c'est-à-dire le timonier.

[110] Jouanique (P.), La mosaïque de l'aula des mensores..., p. 421.

[111] On peut remarquer sur la mosaïque de l'aula des mensores que les saccarii portent une tenue à deux pièces qui arrive au niveau des genoux, alors que les mensores possèdent un long vêtement. On retrouve les même différences vestimentaires sur la fresque de l'Isis Giminiana.

[112] A l'époque des Sévères (date de la mosaïque) la Bysacène était plus orientée vers la production d'huile. Cette mosaïque de la Piazzale delle Corporazioni fait peut-être référence à la ville de Gummi située près de Carthage.

[113] C.I.L., XIV, 4549, 17 : NAVICULARI GUMMITANI DE SUO.

[114] C.I.L., XIV, 409 en 135 après Jésus-Christ, C.I.L., XIV, 363 ; 364 vers 140/145 et C.I.L., XIV, 309 vers 150-200.

[115] Sirks (B.), Food for Rome ..., p. 262-263.

[116] Corporation des boulangers.

[117] Dig. XXVII, I, 26.

[118] Dig. L, V, 10, 1 : Corpus mensurarum frumenti juxta annonam Urbis habent vacationem : in provinciis non idem.

[119] A la tête des corporations pouvaient se trouver un ou plusieurs quinquennales.

[120] Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations, t. II ..., p 63.

[121] Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p. 282. " The guild was divided into three sections, whose titles presumably reflect their different but related fonctions ...".

[122] Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p. 282.

[123] Royden (H. L.), The magistrates of the Roman professional collegia .., Chap. I, p. 1-23

[124] C.I.L., XIV, 309 ; 409 et peut-être C.I.L., XIV, 363 ;364.

[125] L'hypothèse de H. L. Royden semble plausible si l'on considère que les inscriptions C.I.L., XIV, 363 et 364 sont datées de 140 /145 (Cébeillac-Gervasoni (M.),Ostie et le blé au IIe siècle ..., p. 50), ces dernières mentionnent un unique corpus, et si l'inscription de P. Aufidius Fortis (père) qui fait référence à plusieurs corpora de mensores est datée de 146 après Jésus-Christ (C.I.L., XIV, 303). C'est donc dans ces années (140/146) que le corpus des mensores se serait scindé en trois. Dans ce cas il faudrait certainement repréciser la datation de C.I.L., XIV, 309 estimée à 150/200 et qui fait référence à un unique corpus. En revanche, selon nous, les propos de l'auteur pourraient être mis à mal si l'on se réfère non plus aux titres des magistrats mais aux dédicaces qu'ont faites les mensores aux fonctionnaires de l'annone. Dans C.I.L., XIV, 172 daté du 3 février 184 le corpus mensorum frumentariorum Ostiensium fait une dédicace à Q. Petronius Melior. L'emploi du nominatif singulier semble faire référence à un unique corpus ; est-ce un oubli de la spécialisation ? Dans C.I.L., XIV, 154 le corpus mensorum frumentariorum adiutorum et acceptorum Ostiensium offre une dédicace à Q. Acilius Fuscus vers 198-211. Là encore, l'emploi du nominatif singulier fait référence à un unique corpus possédant deux divisions internes : celles des adiutores et des acceptores.

[126] C.I.L., XIV, 172. C'est une base de statue que l'on peut aujourd'hui admirer à l'ombre des pins parasols de la Piazzale delle Corporazioni.

[127] C.I.L., XIV, 154.

[128] C.I.L., XIV, 362 ;363 ;364 ; 4458. NSc, 1953, 297. A. E., 1988, 212.

[129] C.I.L., XIV, 303 ; 4620.

[130] C.I.L., XIV, 4622.

[131] Il faut voir dans le mot amicus un synonyme édulcoré, donc plus honorable, de client.

[132] C.I.L., XIV, 4458.

[133] L'adjectif machinarius qualifiant ces mensores laisse à penser qu'au lieu d'utiliser les classiques modius et rutellum pour mesurer le blé, ils utilisaient une sorte de balance à double plateau, appelée machina.

[134] C.I.L., VI, 9626 (I.L.S., 7267). Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations t. 1 ..., p. 274.

[135] Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations t. 1 ..., p. 268.

[136] Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations t. 1 ...,p. 274.

[137] Christol (M.), Nony (D.), Rome et son Empire ..., p. 177.

[138] Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 237. Rougé (J.), Recherches sur l'organisation du commerce maritime ..., p. 187.

[139] Reg., I, XIX, 1-3. Définition d'une schola d'après Waltzing (J. P.), Etude historique sur les corporations, t.1 ..., p. 222-223 : "c'est là que les confrères se réunissaient, pendant leur loisir, pour se délasser, pour s'entretenir, pour discuter leurs intérêts, pour prendre part aux mêmes sacrifices et pour s'asseoir à la même table... On s'y réunissait tant pour le culte que pour les délibérations, et la schola était à la fois le local et le temple du collège"

[140] Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p. 547.

[141] Reg., I, XIX, 4.

[142] Reg., I,XIX, 2.

[143] Schmidt (J.), Dictionnaire le la mythologie grecque et romaine, Paris, (éd.) 1991, p. 72.

[144] C.I.L., XIV, 709.

[145] Calza (G.), Becatti (G.), Ostie, (Itinéraires des Musées, Galeries et Monuments d'Italie, no. 1), Roma, (6e éd.), 1980, p.36-37.

[146] Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p.325.

[147] Reg., IV, V, 15-16. Cette schola est ordinairement attribuée aux fabri navales (les charpentiers de marine), Chevallier (R.), Ostie antique ...,p. 85, mais Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p. 325, n. 2 laisse entendre, à titre d'hypothèse, qu'elle pourrait appartenir aux mensores. Ce corpus ayant été constitué par Trajan, d'après B. Sirks, cela expliquerait pourquoi nous avons retrouvé la statue de l'empereur dans cette construction.

[148] Rickman (G.), Roman Granaries and Store Buildings ..., p. 70.

[149] Cébeillac-Gervasoni (M.), Ostie et le blé au IIe siècle ..., p. 50.

[150] Grâce à la présence de suspensurae, nous savons que ces deux horrea servaient à stocker du blé.

[151] Les horrea di Hortensius (Reg., V, XII, 1) et dell' Artemide (Reg., V, XI, 8) sont situés au sud du Decumanus Maximus.

[152] On pense aux Grandi Horrea, aux horrea Antoniniani, aux horrea di Hortensius ...

[153] Peut-être en allait-il différemment des blés privés qui pouvaient être contrôlés et stockés dans les horrea dei Mensores, le temps de trouver un acquéreur ...

[154] Varron, De Vita Populi Romani, lib. III. Sénèque, De Brevitate Vitae, XIII, 4. Codex, codicis, n a donné "code" qui désigne les tables de la loi.

[155] Sénèque, De Brevitate Vitae, XIII, 4.

[156] Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 228.

[157] Auteur du VIe siècle, il est né vers 500 après Jésus-Christ.

[158] Procope, Guerre des Goths, I, 26.

[159] Procope, Guerre des Goths, I, 26. Denys d'Halicarnasse, III, XIV, 2, 44, 4.

[160] Strabon, V, 3, 5.

[161] Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 257-258. Martial, IV, 64, 21. Toutefois Horace, Satires, I, 5 parle d'un halage par mule.

[162] Le Gall (J.), Le Tibre ..., p. 258. Toutefois, selon nous, avec un tel trafic fluvial, on peut penser que des relais s'étaient créés sur les berges du Tibre, aux endroits où les haleurs avaient l'habitude de finir leur journée.

[163] Rickman (G.E.), Problems of transport and development of ports ..., p. 103-118.

[164] [Reference to chapter that is not on this website] 29.400.000 modii de blé sous Claude et 42.000.000 modii sous les Sévères étaient nécessaires à l'approvisionnement de Rome.

[165] Philostrate, Vit. Apoll. Tyan., VII, 16 : "Partis de Dicoearchie par mer, ils débarquèrent le 3e jour aux bouches du Tibre, d'où la remontée du fleuve jusqu'à Rome a la même durée". On peut se demander pourquoi ce voyageur a préféré gagner Rome par le fleuve en 3 jours alors qu'il aurait pu mettre 6 heures à pieds en utilisant la via Ostiensis ou la via Portuensis et encore moins à cheval ou à véhicule.

[166] 365/6=60, 83.

[167] Soit x le nombre de navires nécessaires à transporter 29.400.000 modii de blé sous Claude et 42.000.000 modii sous les Sévères. Les deux équations sont donc : 60*1000x = 29.400.000 d'où x= 490 et 60*1000x = 42.000.000 d'où x= 700. Ces calculs ne tiennent pas compte de l'approvisionnement en huile.

[168] C.I.L., XIV, 170 = VI, 1624 ( I.L.S., 1433). Les auteurs de la dédicace sont les codicarii navicularii et quinque corporum navigantes. Voir Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ...,p.418-419 pour la carrière de ce chevalier qui prit la pourpre et fut étranglé sur ordre de Gallien.

[169] C.I.L., XIV, 4144. Royden (H. L.), The magistrates of the Roman professional ..., p. 51 et n. 93. Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p. 296.

[170] C.I.L., XIV, 4144.

[171] C.I.L., XIV, 185= C.I.L., VI, 1639.

[172] Il y a de grandes chances que le siège de cette corporation ait été à Ostie comme le laisse à penser deux dédicace faite par les bateliers à des empereurs (C.I.L., XIV, 106 = VI, 1022 et C.I.L., XIV, 131) et l'érection d'une statue d'un chevalier romain que les codicarii désiraient honorer (C.I.L., XIV, 4144).

[173] Ce pont se situait à une centaine de mètres en aval de l'île Tibérine.

[174] Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 226-227.

[175] C.I.L., XIV, 106 = VI, 1022 c'est une dédicace à Verus datée de 166 après Jésus-Christ, C.I.L., XIV, 170 = VI, 1624 ( I.L.S., 1433)..

[176] Rougé (J.), Recherches sur l'organisation du commerce maritime ..., p. 194, n. 5.

[177] C.I.L., XIV, 4549, 43 : c]ODICARI DE SUO.

[178] C.I.L., XIV, 185 = VI, 1639.

[179] C.I.L., XIV, 170 = VI, 1624 ( I.L.S., 1433).

[180] Il existait des charges mineurs dans les collèges comme celles de curatores et des quaestores. Leur rôle était d'aider les magistrats, notamment pour les questions financières. Royden (H. L.), The magistrates of the Roman professional collegia ..., chap. I, p. 1-23.

[181] C.I.L., XIV, 1649.

[182] C.I.L., XIV, 309. Royden (H. L.), The magistrates of the Roman professional collegia ..., p.106, n. 98. L. Calpurnius Chius faisait également partie de plusieurs collèges religieux.

[183] Royden (H. L.), The magistrates of the Roman professional collegia ..., p.106.

[184] Il est tout à fait normal que les patrons des corporations aient appartenu à l'ordre équestre, et mieux encore à l'ordre sénatorial. Mais comme le fait remarquer Royden (H. L.), The magistrates of the Roman professional collegia ..., p. 51 il est inhabituel, mais pas unique, que le quinquennalis d'un collège professionnel soit un chevalier. On trouve plutôt des descendants d'affranchis, voire simplement des affranchis. Dans C.I.L., XIV, 4144 la dernière ligne est quinq corporis splendedissimi codicar. Certains auteurs tel Meiggs (R.), Roman Ostia(2) ..., p. 296 la développent en quinquennal(i) corporis splendedissimi codicariorum. Car quinquennalis peut être abrégé en Q. Q. ou en QUINQ comme dans C.I.L., XIV, 309. Cela indique que ce chevalier fut magistrat du collège. D'autres, tel Cébeillac-Gervasoni (M.), Ostie et le blé au IIe siècle ..., p.54 parle de quinque corporis splendedissimi codicarii. Ce qui indique que ce sont les dédicants, et que Amandus est un chevalier qu'ils honorent simplement. Toutefois, le chiffre "quinque" était connu pour les cinq corpora de lenuncularii, mais pas pour les codicarii. Enfin, on remarque que "corporis" est au génitif singulier, et non pluriel comme c'est le cas pour les inscriptions concernant les lenuncularii.

[185] Ce que semble indiquer son cognomen. Il est peut-être originaire de Syrie.

[186] C.I.L., XIV, 4234 trouvé près de Tibur. Son père était peut-être M. Cerellius Hieronymus honoré dans C.I.L., XIV, 70.

[187] [Reference to chapter that is not on this website]

[188] C.I.L., XIV, 106 = VI, 1022. Nous retrouvons une situation similaire au Bas-Empire avec le praefectus annonae Aurelius Victorianus dans C.I.L., XIV, 131.

[189] Pavis d'Escurac (H.), La préfecture de l'annone ..., p. 228.

[190] [Reference to chapter that is not on this website]

[191] Chevallier (R.), Ostie antique ..., p. 99.

[192] C.I.L., XIV, 250.

[193] C.I.L., XIV, 251.

[194] Les liens unissant les patrons sénateurs à la plebs des corporations sont beaucoup plus rares car les membres de l'ordre sénatorial appartenaient à un niveau social très élevé. Ils n'avaient parfois même aucun lien avec la ville, seul comptait leur influence. A l'inverse, les "petits" patrons équestres présents sur C.I.L., XIV, 250, 251, 252 avaient souvent des intérêts et une influence locale. Une troisième catégorie de patron concerne les fonctionnaires équestres. Leur patronage était souvent recherché lorsque le domaine administratif dont ils étaient responsables entrait dans le cadre d'activité de la corporation. Comme par exemple L. Volusius Maecianus sur C.I.L., XIV, 250. Les lenuncularii travaillant avec l'annone, il était bon d'avoir la protection d'un fonctionnaire impérial qui d'ailleurs était peut-être préfet de l'annone en 152 après Jésus-Christ. On peut citer également le cas de C.I.L., VI, 1625, b (I.L.S., 1340) où les negotiatores olea(ri) ex Baetica s'assurèrent le patronage du praefectus annonae M. Petronius Honoratus.

[195] C.I.L., XIV, 252.

[196] Voir supra.

[197] Royden (H. L.), The magistrates of the Roman professional collegia ..., p. 106, n. 112.

© 1998 J. Fourniol
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